Tu vas rater le meilleur

Publié le par Opale

Cet article peut choquer, ou pas, en fait je n'en sais absolument rien . J'ai réfléchi à si j'avais "le droit" de l'écrire alors que c'est mon blog, par peur d'être trop impudique, alors qu'après tout c'est mon droit puisque c'est mon histoire. 

Cette fois le but n'est pas d'informer (à moins de dire que l'humain peut être ignoble mais ce n'est hélas pas un scoop ) . Il s'agit de faire sortir un souvenir, du secret du bureau de ma psychologue . Ce souvenir, je lui ai raconté il y a longtemps, puis je l'ai remis aux oubliettes, et hier soir, suite à mon rendez-vous où nous avons reparlé des abus, ce souvenir est revenu . 

Ce souvenir, jusque là seuls ma psy et deux bénévoles de SOS inceste le connaissaient . Quand j'ai porté plainte je n'en ai pas parlé, ni aux flics, ni plus tard à mon avocate . Concrètement ça n'aurait rien changé, c'est une agression sexuelle de plus, peu importe sous quelle forme . Mais raconter ça à un flic ou pire devant tout un tribunal, non merci.

Pourquoi ce titre "tu vas rater le meilleur" ?

J'ai déjà expliqué ici, pour moi ET dans le but d'informer, que j'ai été confrontée au fait de subir du plaisir sexuel pendant les abus . Dans ce souvenir, c'est un lien entre plaisir subi et humiliation sans aucune once de plaisir subi .

Il est arrivé, plusieurs fois, que lorsqu'il amenait mon corps au "maximum" de plaisir subi , ensuite s'il continuait, cela devenait physiquement désagréable, et aussitôt je repoussais sa main . Il me laissait faire mais il disait "mais non tu vas rater le meilleur" . Le meilleur quoi ? Je ne savais évidemment pas . Je ne sais pas si j'ai imaginé quelque chose d'ailleurs, un truc "meilleur" que ce que je ressentais et que mon corps trouvait agréable, aucune idée.

Un jour , comme tant de fois j'ai repoussé sa main, mais il ne m'a pas laissé faire, il m'en a empêché "doucement" mais fermement . Il a continué à me stimuler, il n'y avait plus de plaisir subi , il a continué, j'ai ressenti comme une envie d'uriner , je lui ai dit . Il a continué , je n'ai rien pu faire , mon corps a cédé , un liquide a coulé, comme si j'urinais . Je ne savais pas que ce n'était pas le cas . Je ne sais pas comment je me suis sentie, je ne comprenais pas, il n'y avait pas de plaisir subi, ça n'apportait rien à mon corps, j'avais honte, pourquoi me faire ça ? Pourquoi ON faisait ça puisqu'à l'époque c'était "on " dans ma tête : lui ET moi, moi sa complice , moi la petite ado salope qui prend le mec de sa mère .

Je ne sais pas combien de fois c'est arrivé . Je suis sûre d'une seule chose , c'est arrivée au moins une autre fois , et je le sais parce que cette autre fois il a pris "ses précautions" . Il a mis un grand sac poubelle sur le lit, pour protéger .

Voilà, ça choque, ça ne choque pas, je suis impudique, je ne le suis pas, je n'en sais vraiment absolument rien.

Je sais juste qu'alors que ce n'est pas le cas, je repense à ça, j'écris ça et je me dis que j'aurais pu mourir, que j'aurais pu devenir folle, que j'aurais pu...je ne sais pas .

Je ne sais pas comment on survit, je ne sais pas comment on tient, je ne sais pas comment tant d'années après on "accepte" que celui qu'on avait "adopté" comme deuxième papa vous ait fait ça .

Plus tard on grandit, on cherche ce qui s'est passé, physiquement, on lit des choses, ça ne correspond pas , on sait juste que c'était là, que c'était dégueulasse, que ça ne "servait à rien" , alors que le plaisir subi lui semblait servir à quelque chose, semblait être "pour moi" .

C'était donc ça le "meilleur" qu'il ne fallait pas rater . Etre humiliée, être un corps avec lequel on joue, être une chose pour laquelle on prend ses "précautions" pour le lit.

C'était ça "le meilleur" .

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