45 ans…

Publié le par Opale

Aujourd’hui j’ai 45 ans .

Ça sonne comme une étape . Je me sens " vieille" , je suis censée être adulte , très adulte , me sentir une femme adulte mais j’en suis encore loin . Au pire je ressens la petite fille , au mieux la jeune femme qui entrait dans le bureau de sa psy il y a 18 ans .

J’ai 45 ans et des choses ont changé heureusement . Côté dépression surtout .

Il y a 5 ans , pour mes 40 ans , j’étais comme morte , je venais de me réfugier chez ma mère dans un état lamentable suite à la sismothérapie . J’ai vécu cette étape des 40 ans comme un cauchemar , dans le désespoir et la volonté permanente de mourir . Ça a duré près de 2 ans .

5 ans plus tard il y a eu deux rémissions , une d’un an et l’actuelle de plus d’un an . Une rechute légère .

Vivre une année entière sans le moindre symptôme dépressif ( après  plus de 15 ans de dépression non stop ) , sans la moindre envie de mourir , c’est extraordinaire et je ne m’en lasse toujours pas .

J’anticipe la question : ce n’était pas grâce aux médicaments qui ont toujours été totalement inefficaces sur moi . Ça a plutôt été le facteur temps , la thérapie et possiblement l’électrochoc de m’être renseignée sur l’euthanasie .

5 ans plus tard je me sens bien dans le studio que j’habite depuis 3 ans .

A priori personne ne rêve d’être en studio à 45 ans car les revenus entre invalidité et complément AAH ne permettent plus de louer un F2 , mais je me plais dans mes 31m2 à la fois au calme et en plein centre-ville .

Mes journées n’ont rien d’extraordinaire mais je les apprécie pleinement : ménage , cuisine , lecture , marche rapide , une routine non négociable que je respecte scrupuleusement afin d’éviter au maximum les risques de rechute .

Je suis très seule , plus seule qu’il y a 10 ans hélas car mes piliers ont disparu ou ont déménagé très loin et c’est ce qui pèse le plus au quotidien .

Le trauma complexe lui porte bien son nom c’est …complexe .

J’avance lentement , je suis toujours en thérapie , en janvier je devrai à mon grand regret changer de psy car elle change de service et ne s’occupera plus de victimes .

18 ans que je cheminais avec elle , 18 ans à combattre les traumas , la culpabilité , la honte , la peur ( pas seulement liées aux abus , loin de là ) .

Au bout de 18 ans des strates de trauma se découvrent encore , je dissocie encore sur une question banale concernant l’enfance .

Je découvre encore l’étendue des dégâts et le chantier qui m’attend mais ça avance .

J’ai 45 ans et en plus de m’offrir un resto j’ai surtout envie de cesser de penser et dire du mal de moi.

C’est un gros challenge tant cette habitude est ancrée , tant parfois je ne réalise même pas le mal que je me fais , tant parfois ça me parait justifié .

Un autre challenge est déjà en cours en thérapie et doit continuer : accepter les pensées positives sur moi . Pas celles des autres ( quoique..) mais les miennes sur moi-même .

C’est je trouve encore plus dur que cesser de dire du mal de soi .

Quand je pense quelque chose de positif sur moi je me sens extrêmement prétentieuse et quand je dois faire part à ma psy de ces pensées pourtant positives , je suis réellement très très mal .

J’ai 45 ans et je découvre peu à peu ce que les traumas , les violences , l’hyperadaptation , la dépression , ont caché de ma personnalité . Ma personnalité d’adulte mais aussi d’enfant .

Je me découvre vivante , empathique , fascinée par l’humain , transportée par les émotions …

Des tonnes de peurs m’habitent : vieillir , tomber malade , mourir . Ces peurs sont partagées par beaucoup d’humains mais sont ici démultipliées par certaines choses du passé .

J’ai 45 ans , je suis loin d’être sortie d’affaire , loin de ne plus avoir besoin d’aide , mais au moins je me sens en vie . 

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