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S’émerveiller de vivre

Publié le par Opale

Ces derniers jours encore , tout me semble merveilleux , aller bien est une sensation si incroyable dont je ne me lasse pas et pourtant je suis à bientôt 3 ans sans dépression .

Une partie de cet émerveillement est lié à un traumatisme : celui d’avoir été convaincue que je ne terminerai pas l’année 2019 en vie tant ma souffrance psychique était proprement intolérable .

Et une autre partie de cet émerveillement est je crois …lié à moi , tout simplement . 
 

Ce que la dépression avait tendance à masquer c’est ma capacité d’émerveillement . Pourtant elle est vraiment très forte , peut-être plus que chez la moyenne des gens .

Malgré mes multiples traumatismes qui ne sont pas guéris et avec lesquels j’apprends à vivre , je me sens bien , parfois même très bien . 

Évidemment ( enfin ce n’est pas si évident pour qui ne l’a pas vécu ) , j’ai beaucoup de séquelles de mes plus de 15 ans de dépression et en particulier de l’enfer de 2018/2020 : je reste très fatigable , je ne peux pas travailler , j’ai aussi les séquelles des traumas mais au jour le jour je savoure de me réveiller avec l’envie de profiter de ma journée , je sors et je ne me lasse pas de regarder s’envoler une nuée de pigeons , de passer plusieurs minutes à  observer une abeille butiner ou le ciel offrir ses couleurs changeantes .

 

Il y a toutes ces choses du quotidien , si simples et douces à la fois , cette tranquillité dans l’âme …Et puis il y a l’artistique .

Plus le temps passe et plus j’ai envie de le développer . Cette année j’ai repris la chorale , dans une chorale féminine et féministe où je me régale et retrouve ces sensations oubliées de la scène , du partage , des applaudissements . 

J’ai surtout à mon grand étonnement débuté des cours de chant , ne sachant absolument pas à quoi m’attendre et pensant faire uniquement de la technique , seule avec ma prof . En réalité j’ai évolué toute cette année avec l’immense bienveillance et la grande pédagogie de Cécile .

J’ai appris et j’apprends encore à oser m’exprimer , donner de la voix , me faire confiance , utiliser mon corps , me le réapproprier dans le chant . Cela remue beaucoup de choses et cela je ne m’y attendais pas mais c’est passionnant et j’aime ça .

La fin d’année scolaire approche et j’ai je pense fait un grand pas , eu un déclic dans le plaisir pris en chantant devant un micro . Ça m’a déstabilisée , ça m’a fait peur , mais j’ai adoré . 

Je fais confiance à ma prof , je me laisse porter par ses défis et d’ici 3 semaines je chanterai seule devant un petit public pour la première fois de ma vie . 

Je crois que l’ado que j’ai été , qui était fascinée par la scène mais qui ne pouvait qu’être dans la survie , n’en revient pas . Je suis moi-même encore émue aux larmes du parcours qui se fait depuis 5 ans .

Mon autre intérêt artistique est la photo . J’aime en faire , j’aime derriere l’objectif chercher le beau , chercher l’image , chercher pourquoi pas l’originalité . Je n’y connais rien et j’ai envie de progresser dans ce domaine , de capturer le beau , de le partager . 

J’ai envie de tant de choses en fait et le champ des possibles est infini .

Ecrire , chanter , photographier , il y a visiblement une petite artiste qui se cache en moi , je ne sais pas d’où cela me vient , je n’ai pas du tout grandi en contact avec tout cela , à part la chorale débutée à 19 ans , mais c’est ce qui me fait vibrer .

Je me sens si privilégiée et j’aimerais que toutes les personnes ayant mon vécu notamment de dépression puissent avoir cette chance de prendre le temps et de se redécouvrir . 

Je n’oublie pas tout le travail qui me reste à faire sur mes traumas , mes angoisses , mes conditionnements . Peu de gens imaginent ce travail permanent en me voyant.

Mais avec cette envie de vivre , les jours sont plus lumineux . 

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Noël

Publié le par Opale

En roulant mes petits biscuits dans le sucre glace , la déco allumée et je ne sais qui chantant Noël façon Jazz , j’ai pensé à la jeune adulte que j’ai été et qui à la question de sa mère " on mange quoi à Noël ? " a souvent répondu " on a qu’à faire des pâtes et se coucher à 21h et c’est tout " .
Parce que tout cela ne correspondait à rien .
Parce que Noël n’était que tristesse , solitude et même peur . 
Je pense à l’ado qui rentrant du lycée voyait les décos dans les maisons et rêvait à ces familles qu’elle imaginait " normales " .
Une famille où on ne hurle pas , où l’on empêche pas de dormir la nuit , où l’on n’a pas peur , où l’on ne se sent pas sale des mains sur soi y compris le jour de Noël ….
Je pense à l’adulte qui année après année a essayé  d’apprivoiser cette fête détestée car vécu en enfer .
J’ai essayé de le faire chez des amis , j’ai essayé de le faire en bénévolat , j’ai espéré en 2005 un beau Noël chez ma sœur après le départ de Taré 1er et il a été plus que catastrophique et douloureux .
J’ai essayé seule , le moins pire .
J’ai fait un petit plateau télé plusieurs années , j’ai fait un sapin en 2014 et 2015 .
Puis j’ai sombré encore et de plus en plus .
Enfin en 2020 j’ai vécu mon 1er Noël sans dépression , ça avait déjà un autre goût , un peu plus  vivable .
2021 rechute …
2022 retour à la vie à nouveau , Noël seule avec ma mère .
Enfin 2023 a été la première  année où j’ai vraiment apprécié aller au marché de Noël , décorer chez moi et les fêtes se sont très bien passées mais la séparation avec Miss Psy approchait .

Cette année c’est comme l’an dernier mais en mieux et je me fais rire moi-même en étant volontairement un cliché de Noël : les décos , le pull , les biscuits , les films , les chants , le calendrier de l’Avent …
Il n’y a plus l’approche de la séparation , au contraire puisque je vais bientôt revoir miss psy .

Alors je profite à fond , je m’offre à moi , à la petite fille et la petite ado en moi , le Noël simple et tranquille dont je rêvais , celui que comme toute enfant et toute ado je méritais mais qui a été saccagé par les adultes et leur violence .

Ce n’est pas un miracle , c’est des années de travail pour reconquérir ce que l’on m’a volé : la vie , des fêtes heureuses .

Décembre est depuis l’an dernier déjà le mois où réparer ce qui a été cassé , construire ce qui n’a pas été bâti .

Tendresse à tous ceux pour qui Noël est une mauvaise période , je vous comprends , on se sait .

Publié dans Vivre enfin

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Cheminements

Publié le par Opale

J’aimerais que vous lisiez ceci .
Ce sont juste mes mots . 
 

Hier soir , après le film Signalements tiré de l’histoire dramatique et révoltante de Karine , j’ai entendu le début de son intervention .
J’ai alors pensé à ceux qui en lisant ce genre de vécu disent " sa vie est foutue " .

 

Quiconque a vu et entendu Karine a aussi vu et entendu que sa vie n’est pas foutue et qu’elle en fait quelque chose de chouette .
Ce qui ne minimise en RIEN la gravité de son vécu .

 

Laissez-nous cheminer .
Cessez en lisant nos histoires de nous prédire une souffrance éternelle OU d’exiger de nous un positivisme à toute épreuve .
Laissez-nous évoluer .
Laissez-nous notre individualité car nous ne sommes pas " les victimes de maltraitance " , nous avons chacun et chacune un parcours unique .
Peu hélas auront un adulte tel que la tante de Karine pour tenter de les protéger .

 

Alors on évolue comme on peut . On se raccroche à ce qu’on peut ( pour ma part c’était la scolarité ) .
On fait , ou pas , les bonnes rencontres .
On fait , ou pas , une thérapie . ( je vous rappelle que ce n’est pas remboursé et rares sont ceux qui ont ce que j’ai longtemps eu avec un suivi dans le public , sans avancer d’argent ) .
On est , ou pas , de nouveau victimes de violences.

 

Tant de chemins et tant de paramètres qui impacteront la façon dont on avancera avec notre passé .

 

Ne comparez pas les victimes entre elles , ça n’a AUCUN sens et c’est culpabilisant .
Une victime qui ne s’en sort pas ou qui se suicide n’est pas moins courageuse que celle qui à l’instar de Karine ou d’autres va poursuivre sa route .

 

N’imaginez pas non plus que vivre et être heureuse malgré ce passé veut dire qu’il n’existe plus .
Ça ne fonctionne pas en noir et blanc , ce n’est pas linéaire , nos vies sont un dégradé de couleurs .
J’ai failli y rester et au final je suis là , je profite enfin de mon quotidien mais mon passé aussi est là et surgit parfois sans crier gare . 

 

Cessez de chercher à nous faire rentrer dans vos cases alors que vous ne pouvez pas imaginer nos vécus et nos souffrances , et tant mieux pour vous si un tel enfer vous est inimaginable .
Pour autant il existe , ne fermez pas les yeux mais ne nous voyez pas non plus comme des bêtes curieuses .
Vous nous croisez chaque jour dans la rue , au boulot ou en famille et ce sans vous en douter . 
Parce que nous sommes comme vous . 

 

Laissez-nous cheminer et ne jugez pas la façon dont nous le faisons .
Nous nous jugeons souvent bien assez nous-mêmes , avant de trouver peut être un jour la capacité de nous pardonner le mal que nous n’avons PAS fait .

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Demain…

Publié le par Opale

Demain j’ai 46 ans .
Et je vais suffisamment bien pour ne pas me faire piéger en faisant un bilan de vie qui serait forcément délétère car on ne changera pas le fait que les violences subies m’ont fait perdre 34 ans de ma vie entre les vivre puis subir les conséquences : trauma complexe dépression vie pro foutue .
Demain j’ai 46 ans .
J’ai commencé à vivre à 42 ans , avec une petite rechute de presqu’1 an .
J’ai failli me tuer , j’ai failli tomber dans l’alcool , j’ai failli finir accro aux médocs , je me suis renseignée sur l’euthanasie .
Mais je suis là , heureuse d’être en vie , ça n’efface pas mon passé ni les souvenirs de dépression terrible mais avoir psychiquement frôlé  la mort me fait encore m’émerveiller devant chaque once de vie .

Demain j’ai 46 ans .

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45 ans…

Publié le par Opale

Aujourd’hui j’ai 45 ans .

Ça sonne comme une étape . Je me sens " vieille" , je suis censée être adulte , très adulte , me sentir une femme adulte mais j’en suis encore loin . Au pire je ressens la petite fille , au mieux la jeune femme qui entrait dans le bureau de sa psy il y a 18 ans .

J’ai 45 ans et des choses ont changé heureusement . Côté dépression surtout .

Il y a 5 ans , pour mes 40 ans , j’étais comme morte , je venais de me réfugier chez ma mère dans un état lamentable suite à la sismothérapie . J’ai vécu cette étape des 40 ans comme un cauchemar , dans le désespoir et la volonté permanente de mourir . Ça a duré près de 2 ans .

5 ans plus tard il y a eu deux rémissions , une d’un an et l’actuelle de plus d’un an . Une rechute légère .

Vivre une année entière sans le moindre symptôme dépressif ( après  plus de 15 ans de dépression non stop ) , sans la moindre envie de mourir , c’est extraordinaire et je ne m’en lasse toujours pas .

J’anticipe la question : ce n’était pas grâce aux médicaments qui ont toujours été totalement inefficaces sur moi . Ça a plutôt été le facteur temps , la thérapie et possiblement l’électrochoc de m’être renseignée sur l’euthanasie .

5 ans plus tard je me sens bien dans le studio que j’habite depuis 3 ans .

A priori personne ne rêve d’être en studio à 45 ans car les revenus entre invalidité et complément AAH ne permettent plus de louer un F2 , mais je me plais dans mes 31m2 à la fois au calme et en plein centre-ville .

Mes journées n’ont rien d’extraordinaire mais je les apprécie pleinement : ménage , cuisine , lecture , marche rapide , une routine non négociable que je respecte scrupuleusement afin d’éviter au maximum les risques de rechute .

Je suis très seule , plus seule qu’il y a 10 ans hélas car mes piliers ont disparu ou ont déménagé très loin et c’est ce qui pèse le plus au quotidien .

Le trauma complexe lui porte bien son nom c’est …complexe .

J’avance lentement , je suis toujours en thérapie , en janvier je devrai à mon grand regret changer de psy car elle change de service et ne s’occupera plus de victimes .

18 ans que je cheminais avec elle , 18 ans à combattre les traumas , la culpabilité , la honte , la peur ( pas seulement liées aux abus , loin de là ) .

Au bout de 18 ans des strates de trauma se découvrent encore , je dissocie encore sur une question banale concernant l’enfance .

Je découvre encore l’étendue des dégâts et le chantier qui m’attend mais ça avance .

J’ai 45 ans et en plus de m’offrir un resto j’ai surtout envie de cesser de penser et dire du mal de moi.

C’est un gros challenge tant cette habitude est ancrée , tant parfois je ne réalise même pas le mal que je me fais , tant parfois ça me parait justifié .

Un autre challenge est déjà en cours en thérapie et doit continuer : accepter les pensées positives sur moi . Pas celles des autres ( quoique..) mais les miennes sur moi-même .

C’est je trouve encore plus dur que cesser de dire du mal de soi .

Quand je pense quelque chose de positif sur moi je me sens extrêmement prétentieuse et quand je dois faire part à ma psy de ces pensées pourtant positives , je suis réellement très très mal .

J’ai 45 ans et je découvre peu à peu ce que les traumas , les violences , l’hyperadaptation , la dépression , ont caché de ma personnalité . Ma personnalité d’adulte mais aussi d’enfant .

Je me découvre vivante , empathique , fascinée par l’humain , transportée par les émotions …

Des tonnes de peurs m’habitent : vieillir , tomber malade , mourir . Ces peurs sont partagées par beaucoup d’humains mais sont ici démultipliées par certaines choses du passé .

J’ai 45 ans , je suis loin d’être sortie d’affaire , loin de ne plus avoir besoin d’aide , mais au moins je me sens en vie . 

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Des hauts, des bas, et moi et moi...

Publié le par Opale

Depuis le dernier article il y a eu rechute dépressive . Probablement que la mort de ma meilleure amie en février 2021 n'y est pas étrangère après l'avoir accompagnée en soins palliatifs .

Fin juin 2021 soudain le moral plus bas et quasi aussitôt la vraie rechute, le goût à rien , l'envie de rien , l'incapacité à faire ...En décembre je débarque chez ma mère pour une pause, cette pause va durer 8 mois . 8 mois à ne rien arriver à faire, 8 mois scotchée à Twitter pour ne pas être totalement seule .

Certes ça n'était pas aussi sévère et profond que les deux ans post sismo heureusement . Fin juillet 2022 enfin je fais deux ou trois sorties et là enfin le mieux-être revient, presque du jour au lendemain me voilà prête à rentrer chez moi .

Nous sommes en août et voilà, à nouveau les symptômes dépressifs ont disparu et à nouveau je peux profiter de mon quotidien, de mon appartement dans lequel je suis bien, retrouver mon calme, la musique, ce que je n'avais pas chez ma mère avec qui les relations sont toujours très complexes .

Les traumas eux sont toujours là mais sans les idées noires tout est beaucoup plus respirable.

Plus qu'à espérer qu'une prochaine rechute n'arrive pas trop vite, ou pas du tout .

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Un an sans dépression

Publié le par Opale

1 an . 

Voilà 1 an que je suis de retour dans le monde des vivants.

C'est aussi joyeux et formidable qu'irréel et violent .

Pour ceux qui ne suivent pas particulièrement ce blog ou mon vécu , en très gros résumé : enchaînement de traumatismes entre double deuil , maltraitance notamment via inceste etc...

En 2005 on m'a officiellement diagnostiqué une dépression (mais elle était sûrement déjà là bien avant ) , deux ans après que j'ai révélé l'inceste. J'avais et j'ai toujours une bonne psychologue mais niveau psychiatrie...

Pendant 15 ans j'ai essayé 7 anti-dépresseurs sans le moindre effet , vu des psychiatres en libéral jamais plus de 10 mn , en hospitalisations en clinique psychiatrique jamais plus de 5 mn , jamais d'écoute , à peine le mot traumatisme évoqué...

Mars 2015 date du procès qui finalement sera reporté à juin 2015.

1 an après, en mars 2016 , et je ne pense pas que ce soit le hasard , les épisodes dépressifs se sont aggravés de plus en plus, toujours plus d'arrêts de travail; toujours plus d'enfermement, de problèmes d'hygiène et de vie quotidienne en général . Mon état est devenu si alarmant que je me suis retrouvée en janvier 2018 à faire de la sismothérapie (les électrochocs modernes en résumé , en théorie très efficaces ) . Avec mon accord je le précise car on ne m'avait pas dit que rarement mais cela arrive , cela peut aggraver la situation et , pas de chance c'est arrivé.

Non seulement je garde un traumatisme de ces séances mais surtout une fois sortie mon état qui était déjà inquiétant est devenu dramatique et quelques mois après, en septembre 2018 je me voyais contrainte de me réfugier chez ma mère . Je pensais que cela durerait 2 ou 3 mois , je suis restée 20 mois avec 2 ou 3 essais de retours tous soldés par des mises en danger, des alcoolisations matinales pour remplacer les anxiolytiques,  l'absence d'hygiène, de repas etc....Le dernier essai en novembre 2019 est gravé au fer rouge, j'ai atteint mes limites en souffrance psychique je recherchais les doses létales sur le net, puis j'ai pris des renseignements sérieux sur l'euthanasie en Belgique . 

J'ai rappelé ma mère en urgence avant de risquer réellement le passage à l'acte et parce que je préférais me tuer que d'aller en hôpital psychiatrique . De là il était prévu une hospitalisation en janvier 2020 mais sur place j'ai renoncé et fait demi-tour.

Est-ce que ça a été le déclic ? (je n'avais plus d'anti-dépresseurs depuis un bon moment ) , une sorte de maintenant c'est la vie ou la mort ? Est-ce que c'est d'oser à nouveau aborder les abus avec ma psy là où je n'osais plus voyant ça comme un recul , je ne sais pas mais toujours est-il que peu à peu , micro pas par micro pas j'ai pu chez ma mère faire un repas , ou sortir 30 minutes car avant cela je ne faisais plus RIEN , j'étais aussi morte psychiquement que physiquement , vraiment. 

Ces premiers progrès ont eu lieu mi février 2020 sauf que très vite...1er confinement ! Adieu mes essais de sortie dans un parc trop loin pour le kilomètre et l'heure autorisée, adieu les envies débutantes de sortie en ville, adieu les rendez-vous avec ma psychologue dans ma ville de résidence où j'avais gardé mon appartement . 

Il a fallu s'accrocher, ma psychologue malgré la masse de travail à l'hôpital a été plus présente, chaque semaine au téléphone, m'encourageant à sortir marcher chaque jour, à continuer de cuisiner...

Et de loin en loin nous sommes arrivés début mai 2020 , moins d'idées noires et plus apaisée depuis qu'un psychiatre inconnu qui allait devenir le 1er psychiatre de ma vie à écouter et prendre 30 mn par patient m'a repassée sous xanax . J'ai alors songé qu'avec mon invalidité qui allait être actée je ne pourrai pas garder un loyer aussi cher surtout en ne l'habitant pas .

J'ai donné mon préavis, pensant donc chercher mais sans imaginer revivre seule de suite ou en tout cas en être capable sans surdose et mise en danger . Pendant 1 semaine avec ma mère nous sommes allées trier mon appartement et là c'était LE moment , celui attendu et recherché mais il s'est présenté tout seul, j'ai senti au bout de deux jours que c'est bon je pouvais rester chez moi en attendant de retrouver un appartement, que je ne me mettrais pas en danger . Je l'ai annoncé à ma mère qui est restée continuer le tri avec moi et est partie en fin de semaine le vendredi 22 mai 2020 au soir (oui c'est gravé ) .

Aujourd'hui donc , 23 mai 2021 c'est ma "première bougie" de cette année de nouveau totalement autonome , de ma première journée entièrement seule .

Une année mouvementée car sortir de dépression en plein Covid n'est pas exactement le timing idéal .

J'ai trouvé un nouvel appartement j'ai dû après 2 ans d'inertie totale physique gérer un déménagement entre deux appartements chacun au 3ème étage sans ascenseur, continuer le tri de mon F3 qui évidemment avait pris cher avec la dépression et trier, jeter, donner, afin d'entrer dans un studio de 30m² en plein centre-ville où je suis désormais très bien .

Mes 5 premiers mois de "liberté" étaient quasi idylliques, je m'émerveillais de me réveiller sans angoisses invalidantes ni envie de mourir , de tout faire sans efforts , mes courses mes repas mon ménage . Je me souviens mon premier jour ce fameux 23 mai 2020 avoir nettoyé ma machine à laver et en avoir été quasi euphorique moi incapable de rien même me laver ou me chercher un verre d'eau pendant tant de temps .

J'ai profité , j'ai refait mon premier pique-nique, mes premières terrasses  , je me suis offert une semaine à la mer en août , tout était si irréel et merveilleux, je craignais la rechute tout était trop beau .

Et puis...ce qui a chuté n'était pas réellement moi mais les conditions de vie . Octobre je venais tout juste de démarrer un atelier théâtre quand on a sérieusement commencé à parler reconfinement et le couperet a fini par tomber , impitoyable . Sous mes yeux s'envolait tout ce que je commençais à peine à redécouvrir : les terrasses , les parcs puis les chocolats chauds dans un petit bar , le théâtre , tout . Je l'ai vécu comme une injustice même si bien évidemment nous étions tous concernés, mais enfin je venais de passer deux ans privée de ma vie par un épisode dépressif gravissime et cette fois quand j'avais envie de vivre c'est ce foutu virus qui s'y mettait .

Puis plus violent encore un autre couperet allait tomber . Mon amie mon essentielle depuis 15 ans  , ma "tata de coeur" et de choeur puisque nous nous étions connues à la chorale, rechutait dans son cancer, hospitalisation mi novembre, visites interdites pour cause toujours de COVID très présent dans ma région (Picardie ) . Alors messenger et mes gifs idiots qui la faisaient rire , le téléphone et puis ce jour de fin décembre "j'arrête les soins , il n'y a plus rien à faire j'ai pris ma décision " .  Accepter, accompagner, rester digne face à sa sérénité et son humour comme elle l'a été jusqu'au bout . Et enfin les soins palliatifs qui eux autorisaient les visites .

Le 19 février ma Françoise qui parlait de ma "renaissance" elle qui me connaissait par coeur , s'est éteinte à quasi 73 ans , lucide jusqu'à la veille...inutile de revenir sur ma peine, Françoise c'est plus que ma famille .

Alors ne plus arriver à bouger pendant quelques jours et craindre la rechute encore plus mais être rassurée par psychiatre et psychologue sur le côté normal de la chose .

1 semaine après ses obsèques, apprendre le cancer d'une autre amie très proche qui si elle me lit sait tout l'amour que je lui porte  .

Tempête sur tempête mais tenir...

Et bien sûr les traumas , eux pendant les 2 ans de "mort" étaient silencieux tant tout était en sommeil et ils se sont donc réveillés quand la dépression est passée, quand l'envie de mourir surtout est passée . Depuis il y a beaucoup beaucoup de travail avec ma psychologue, notamment sur le deuil de mon père, mort à mes 7 ans et demi et que je n'avais ni fait ni ressenti, comme le raconte Anny Duperey dans le Voile noir . La mort de mon amie a tout fait exploser et pour la première fois récemment j'ai pu dire à ma psy  en pleurant " je veux le voir " .

Alors j'y tiens au fait que mon psychiatre dise qu'il n'y a pas de rechute dépressive malgré ces hauts et ces bas parfois très bas , ces angoisses existentiels sur la mort et la maladie, les traumas ....

Je tente depuis le début de me donner une routine, de sommeil, de temps sur internet (c'est encore trop mais ça progresse ) , de repas , les piliers non négociables . Puis profiter de ce qui restait  à faire c'est à dire en gros encore tout récemment : se promener, cuisiner , photographier de jolies fleurs, de petits endroits de ma ville , marcher avec quelques choristes , recevoir une amie pour un "café masqué  aéré " .

Depuis 4 jours nous reprenons un semblant de vie normale et donc ce 23 mai 2021 c'est resto en terrasse entre moi et moi pour fêter cette année sans rechute et surtout chez moi, car vivre chez ma mère n'était pas simple , pleine de bonne volonté mais sans aucune psychologie et bien impuissante et c'est normal face à sa fille lui parlant euthanasie alors qu'elle a déjà perdu un fils , mon grand frère , trois mois avant la mort de mon père .

Nous reprenons l'atelier théâtre aussi avec foultitudes de précautions mais quel bonheur .

Voilà cette année passée , et si en début de texte je dis que c'est aussi joyeux que violent c'est parce qu'il est encore gravé en moi que j'ai réellement pensé mourir, ne jamais revivre , je ne voulais qu'en finir H24 . Il faudra du temps pour cicatriser cela aussi .

Cet article n'est qu'un témoignage, il n'a pas vocation à vous dire "si j'ai pu vous pouvez aussi " car c'est le genre de phrases que j'ai toujours  trouvées insupportables et que je trouve encore insupportables quand on va mal ou très mal . Je suis étrangère à la notion d'espoir, cet article n'est donc que les traces de cette année et de la joie malgré tout d'être revenue à la vie .

Je suis toujours "en rééducation" comme après un coma de deux sauf que celui ci était psychique, mais quasi physique aussi au vu de mon inertie totale de l'époque .

A ce propos, chacun devrait lire ceci pour comprendre la fatigabilité chez les malades notamment chroniques https://www.bloghoptoys.fr/theorie-des-cuilleres-comprendre-la-fatigabilite .

Concernés par la dépression : tout mon soutien

Non concernés : renseignez-vous pour éviter de nous blesser encore plus ...

PS 1 : Je suis en rémission , pas guérie

PS 2 : Précision, dans l'article j'évoque que mon état a été aggravé par la sismothérapie, ce n'est pas un message anti-sismo . Si vous envisagez d'en faire , faites avec les renseignements , vos soignants etc . Mon parcours est unique comme tout parcours .

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Il y a 10 ans , ma plainte .

Publié le par Opale

En plein #MeTooInceste , demain cela fera 10 ans que j'ai porté plainte contre mon beau-père qui a abusé de moi de mes 12 à 18 ans .

La procédure a duré 4 ans et 1/2 et a abouti aux Assises.

Je voulais faire un article plus précis, ou un thread sur Twitter mais je n'ai pas l'énergie , ni l'envie je crois . Je rassemble donc les articles concernant la procédure (il n'y a pas les expertises psys ni tout d'ailleurs ) , lise qui pourra et voudra . Le reste du blog est plus axé sur mes émotions en lien ou non avec la plainte .

Je partage cela en espérant qu'un jour cessent les injonctions à porter plainte . Même si ce parcours était probablement nécessaire psychologiquement (mais une procédure n'est PAS une thérapie, ne confondez pas, cela réveille juste des choses à travailler ) , je pense que si c'était à refaire je ne le referais pas .

Jamais je ne découragerai quelqu'un qui veut porter plainte et jamais je n'insisterai auprès de quelqu'un qui à l'inverse ne le souhaite pas, provisoirement ou définitivement . 

C'est un choix extrêmement personnel une plainte et un parcours du combattant qui hélas dans 70% des cas n'aboutit pas . Lorsque cela se passe bien cela reste malgré tout à mon sens très violent à vivre .

Si vous lisez ces articles n'oubliez pas que chaque parcours est unique . Je ne voulais pas de procès et j'ai très mal réagi quand ça a été poursuivi ; je voulais juste une confrontation , convaincue que ce serait classé . Je ne ressentais pas le besoin d'être crue car je l'étais par sos inceste , par ma famille et mes amis .

Je ne pense pas que les personnes repues de leur "il faut porter plainte " imaginent ce que c'est . Je donne souvent cet exemple "imaginez avoir eu une relation sexuelle consentie avec votre partenaire et devoir demain en donner absolument tous les détails à un parfait inconnu " 

C'est encore évidemment à des années lumière de ce que l'on vit quand on dépose plainte mais peut-être que cela peut faire réfléchir les plus ouverts .

Quant aux étapes lorsque cela est poursuivi , me concernant :

- dépôt de plainte

- 16 mois de silence radio

- 2 confrontations dont la 1ère où j'ai été appelée 3h avant , brisant ces 16 mois de néant

- 2 expertises psys : psychiatre et psychologue

- une audition chez la juge 

- Le procès , presque "les " puisque le report a eu lieu alors qu'on y était .

On nous incite à porter plainte puis on nous prédit la libération et enfin quand le procès arrive on nous dit que ça y est tout va être terminé . Je cite ma psy " s'ils pensent que c'est il y eut un procès et elle alla mieux ils n'y connaissent vraiment rien " . C'est ainsi que j'ai culpabilisé immensément quand après le procès je n'allais pas mieux, et que lentement j'ai sombré de plus en plus pendant 4/5 ans , jusqu'à enfin sortir de dépression (mais pas du trauma ) en mai 2020 .

Je souhaite aux victimes de suivre leur chemin unique et de porter plainte si c'est leur besoin et leur souhait, y compris si c'est prescrit et que ça sera donc forcément classé, certaines le font symboliquement ce n'est pas interdit . Rapprochez vous de l'antenne France victimes de votre département https://france-victimes.fr/index.php/component/association

Si vous ne voulez/pouvez pas porter plainte vous n'êtes pas une victime moins courageuse  que moi ou que d'autres  et vous ne mettez pas de potentielles victimes en danger, c'est votre agresseur qui le fait . 

Pour ma part je poursuis la thérapie , je ne suis pas fière de mon parcours au bout de 10 ans loin de là , mais c'est le mien . Suivez le vôtre . 

Le besoin d'une confrontation s'installe http://opale-porterplainteetapres.over-blog.com/article-avant-85337709.html

Prendre rdv http://opale-porterplainteetapres.over-blog.com/article-prendre-rdv-ou-le-parcours-du-combattant-85343618.html

Le jour J http://opale-porterplainteetapres.over-blog.com/article-le-jour-j-85380796.html

Attendre http://opale-porterplainteetapres.over-blog.com/article-l-attente-85716550.html

Vivre après http://opale-porterplainteetapres.over-blog.com/article-vivre-apres-91018481.html

Qui est Taré 1er ? http://opale-porterplainteetapres.over-blog.com/article-lui-100512866.html

1ere confrontation http://opale-porterplainteetapres.over-blog.com/article-confrontation-106069002.html

Rdv avocate http://opale-porterplainteetapres.over-blog.com/article-rdv-avocate-110084775.html

Colère ( je vous rassure tout s'est beaucoup mieux passé entre elle et moi ensuite ) http://opale-porterplainteetapres.over-blog.com/article-capable-110629915.html

2ème confrontation http://opale-porterplainteetapres.over-blog.com/article-deuxieme-confrontation-115395552.html

Comment ma mère l'a su http://opale-porterplainteetapres.over-blog.com/article-l-annonce-119664646.html

Vers les Assises http://opale-porterplainteetapres.over-blog.com/article-tu-iras-aux-assises-121136395.html

Regretter la plainte http://opale-porterplainteetapres.over-blog.com/2014/02/retour-en-arri%C3%A8re.html

1ere date de procès mais... http://opale-porterplainteetapres.over-blog.com/2015/04/tribunal-j1.html

Cauchemar éveillée http://opale-porterplainteetapres.over-blog.com/2015/04/tribunal-j2.html

Le procès partie 1 http://opale-porterplainteetapres.over-blog.com/2016/08/et-le-proces-eut-lieu-partie-1.html

Le procès partie 2 http://opale-porterplainteetapres.over-blog.com/2016/08/et-le-proces-eut-lieu-partie-2.html

Le procès partie 3 ( regret éternel d'avoir été là à ce moment ) http://opale-porterplainteetapres.over-blog.com/2016/08/et-le-proces-eut-lieu-partie-3.html

Le procès partie 4 http://opale-porterplainteetapres.over-blog.com/2016/09/et-le-proces-eut-lieu-pause-pizza.html

Je passe à la barre http://opale-porterplainteetapres.over-blog.com/2016/10/Monaudition

Il passe à la barre http://opale-porterplainteetapres.over-blog.com/2017/02/et-le-proces-eut-lieu.c-est-son-tour.html

Plaidoiries http://opale-porterplainteetapres.over-blog.com/2017/06/et-le-proces-eut-lieu.plaidoiries.html

Un procès et après ? http://opale-porterplainteetapres.over-blog.com/2015/09/un-proces-et-apres.html

4 ans après le procès , sombrer lentement http://opale-porterplainteetapres.over-blog.com/2019/08/mauvaises-nouvelles.html

 

 

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Et vous ça va ? ( Bonnes nouvelles inside )

Publié le par Opale

Une semaine . Une semaine aujourd’hui que je vis à nouveau seule chez moi .

Depuis septembre 2018 , j’avais été contrainte de me réfugier chez ma mère , n’étant plus du tout en capacité de vivre seule , de gérer mon quotidien , de ne pas faire de surdose de médicaments ou d’alcool .

2018 est une année de flou . Sur les 3 premiers mois il y a eu mon hospitalisation pour des séances de sismothérapie car j’allais déjà très mal . 15 séances plus tard je suis sortie ...encore plus mal qu’avant .

Je ne pensais pas pouvoir chuter encore plus bas mais si , et en mai 2018 ma psychologue souhaitait déjà que je retourne en clinique. Je ne l’ai pas fait et en septembre donc nous avons parlé d’aller chez ma mère " quelques temps" , le temps de retrouver une autonomie dans les gestes du quotidien car manger , se laver , sortir , plus rien n’existait .

J’étais à terre , couchée toute la journée ou presque . Des angoisses immenses , l’envie de mourir pour que cela cesse enfin . Je n’arrivais même plus à envisager de faire l’aller retour jusque ma ville de résidence pour voir ma psychologue. 
Pendant quasi un an j’ai annulé les rdv , j’en reprenais un puis annulais à nouveau .

Ma psychologue aurait pu comme le CMP l’a fait quelques temps avant pour les mêmes raisons , me sortir de sa patientèle mais elle m’a laissé la chance de revenir .

Des essais de retour à mon domicile ont été fait en vain , échec à chaque fois , je ne sortais pas de mon lit ou juste pour prendre des cachets . Le temps a passé j’ai repris le chemin de la thérapie vers septembre 2019 et en novembre j’ai tenté de rentrer chez moi . 
Ça a été une catastrophe, un enfer , je n’avais jamais atteint un tel niveau de souffrance. Je n’avais plus que  des anxiolytiques très légers , ça ne suffisait pas à s’anesthésier . Alors j’ai pris de l’alcool. Dès 8h du matin , pas par goût , juste comme on prendrait des médicaments. 
J’ai regardé sur Google les doses létales des médicaments qui me restaient . Je voulais que ça s’arrête. 
A bout de souffrance j’ai failli appeler le 15 mais j’étais terrifiée à l’idée de me retrouver en HP . J’ai fini par appeler ma mère qui est venue me chercher . Elle est très rarement aidante psychologiquement, c’est même souvent l’inverse mais heureusement qu’elle a été là matériellement.

Une demande d’hospitalisation en clinique a été faite mais en janvier , à la date prévue , j’ai paniqué , dissocié et renoncé à rester alors que j’étais dans les locaux.

Aujourd’hui je ne regrette pas ce choix . 
1 mois après j’ai pu très très doucement faire des efforts qui jusque là m’étaient inaccessibles. Avoir plus d’hygiène, aller marcher un peu dans un parc , faire quelques recettes , me remettre à lire . C’était extrêmement fragile mais je me donnais quelques objectifs, je voulais rentrer chez moi à la mi-avril 2020 et il fallait pour cela être capable d’agir .

Je commençais à envisager d’aller faire un tour en ville ou même à la mer quand ...nous avons tous été confinés . Mes maigres objectifs m’échappaient, je craignais de perdre le fruit de mes premiers efforts .

Ma psychologue que désormais je n’avais plus qu’au téléphone à cause de ce maudit virus , m’a aidée à ne pas lâcher , m’a encouragée à maintenir les bases , à continuer de faire à manger , m’a dit de m’acheter de quoi m’occuper ( livres , coloriages ) et m’a incitée à sortir chaque jour lors de l’heure quotidienne autorisée.

Nous avons été déconfinés et je poursuivais mes efforts tant bien que mal mais ne faisais pas grand chose d’autre que faire les repas . 
J’ai pris la décision de donner mon préavis pour déménager , toujours dans ma ville de domicile mais dans un studio car mes revenus ( AAH ) ne permettent plus de payer un loyer conséquent . 
Ce mois-ci avec ma mère nous sommes venues chez moi pour trier pendant une semaine . Et là , le déclic . Alors que  je pensais repartir avec elle , j’ai senti que j’étais capable de rester , mais de rester sans risquer de reprendre de l’alcool ( je n’ai pas d’addiction) ou trop de médicaments. 
 

Une semaine donc que je vis à nouveau seule et comme j’ai dit à ma psychologue, je cherche la caméra cachée . Pourquoi ? Car tout se passe mieux que je n’aurais pu l’imaginer.

Du jour au lendemain je suis passée de faire quelques repas chez ma mère et me lever vers 9h , à pouvoir TOUT FAIRE chez moi et me lever à 6h30 .

J’ai le sentiment de sortir de deux ans d’un long coma et d’avoir frôlé la mort . Chaque jour depuis samedi dernier je m’émerveille car tout me semble nouveau , mon " premier" repas cuisiné chez moi , ma " première " sortie en ville , même mon " premier " nettoyage de machine à laver je l’ai apprécié !

Je ne me reconnais pas , je me couche en ayant hâte d’être au lendemain, je me lève tôt pour profiter de ma journée . J’ai retrouvé un quotidien normal ( sauf le fait que je ne travaille pas je suis en invalidité mais j’ai le droit de travailler plus tard ) , les repas , l’hygiène, le ménage , les sorties en ville pour une course , tout cela est redevenu accessible comme par magie ( puisque je n’ai pas de traitement en dehors d’un anxiolytique) . 
J’ai pleuré d’émotion un matin tant c’est merveilleux de se réveiller sans aucune envie de mourir . Je me dis que ce doit être sacrément chouette la vie des gens qui n’ont pas de " gros " problèmes et se réveillent chaque jour sans songer à mourir . 
J’ai en plus depuis le confinement un nouveau psychiatre, le premier de ma vie qui écoute réellement et prend 30 mn par Rdv au lieu de maximum 15 mn sans écoute.

J’attends une réponse pour un logement. J’en ai vu un et j’aimerais l’avoir. Pour la première fois depuis une éternité je suis capable de me projeter . Je me sens rassurée pour l’avenir , même si je le serai vraiment quand j’aurai un logement avant la fin de mon préavis .

Le tri nécessaire pour passer de 60m2 à 30m2 me fait du bien et je vais vers un nouveau départ même si je suis consciente que les traumas eux sont encore là et à travailler, mais respirer sans avoir envie de mourir je ne pensais pas vivre ça . 
Avec l’agence immobilière qui me fait tourner en bourrique j’ai eu un coup de mou et forcément la peur de rechuter mais je me sens mieux outillée . J’avais je crois déjà en tête les outils qui pour moi sont 4 piliers de base : maintenir l’hygiène , un sommeil correct , manger régulièrement et m’aérer . Mais je n’avais pas encore accepté que je suis malade et que peut-être la dépression chronique ce sera à vie.

Désormais je l’ai accepté et quand je dois impérativement me coucher au plus tard à 23h , je trouve ça pénible mais ce n’est pas la fin du monde , pas plus que pour un diabétique et sa piqûre quotidienne . Si se coucher à 23h permet moins de risques de rechute , allons-y . 
 

Voilà , ça fait une semaine. Je maudis le COVID qui m’empêche encore de faire ce que je voudrais alors que je n’étais plus capable de le faire mais j’ai hâte de boire un verre en terrasse, d’aller à la mer ...Alors en attendant j’apprécie le reste , tout ce dont j’ai été privée pendant 2 ans . Y compris faire une lessive ou aller à la pharmacie sans que cela demande un effort surhumain.

Si vous me lisez et êtes concernés, peut-être qu’une vilaine voix vous dit " elle y arrive et pas moi" ou " moi ça ne m’arrivera jamais " . Je le sais je la porte en moi cette voix . 
Rien n’est acquis pour moi , rien du tout même si j’espère que ça va durer . Vous pouvez aller mieux , je ne sais ni quand ni comment ni pour combien de temps , mais je suis sûre qu’à l’instant T vous faites ce que vous pouvez . Et si par exemple aujourd’hui vous prenez une douche , ou que vous lisez 5 minutes , ou que vous lavez une tasse ou deux sur l’immense pile de vaisselle chez vous , alors bravo . Et si vous ne le faites pas , ce n’est pas un échec . 
Cela ne fait qu’une semaine que ça va bien , mais si c’est encore le cas dans 2 ans , je ne serai pas pour autant un exemple. C’est vous votre exemple . 

Update : réponse positive pour le studio , je signe le 9 juin !! 

 

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Souhaits éternels ( janvier 2020 )

Publié le par Opale

Ne me la souhaitez
ni douce ni légère
Ne me la souhaitez
ni pleine ni entière
D'années en années
Les souhaits sont sincères
Ne me la souhaitez
pas même en Enfer
C'est un jour de plus
Juste un simple jour
Assez des bilans
Assez des concours
J'ai fait tout comme vous
Juste comme j'ai pu
J'aurais pu faire mieux 
Mais je n'ai pas su
Ne me la souhaitez
ni bonne ni heureuse
Ne me la souhaitez
pas aventureuse
D'années en années
Eclatent les repères
Ne me la souhaitez
ni douce ni légère
Les belle conventions
Disent qu'il faut le faire
Mais à ma façon 
Et à ma manière
Je vous souhaite juste
De nouveaux repères
Ne me la souhaitez
pas pleine d'envie
Ma lampe m'éclaire
Mais manque de génie .

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